L’hiver est là

Nous sommes passés presqu’instantanément de l’été indien à l’hiver. Rien que de plus normal, les premiers vrais frimas sont arrivés il y  a une dizaine de jours, et les sommets alpins, jusque-là encore verts, jusqu’ici encore parfois parsemés de courageuses gentianes en fleurs, sont désormais emmitouflés sous un bon mètre de neige. Accrochées aux pentes, fourmis ouvrières préparant les pistes pour les premiers touristes, les dameuses travaillent d’arrache-chenille, stabilisant par ci, tassant par-là les blancs boulevards qui verront dans quelques jours, ce weekend même, dévaler des skieurs frustrés depuis le printemps dernier, de n’avoir pu s’adonner à leur passion de la glisse.

Les jours sont courts, et le froid saisissant, mais j’aime cette fin d’automne. Lorsqu’il fait beau, le massif du Mont-Blanc au coucher du soleil est pure merveille. Une infinité de pures merveilles, même, puisque la lumière sans cesse changeante donne à la roche, à la glace à la neige d’innombrables variations de jaunes, de blancs –oui, de nombreux blancs très différents-, de ces marrons si particuliers que reflète le granit de ces aiguilles. Un éclat de soleil piégé par la vitre d’un téléphérique nous rappelle à la réalité de ces personnes qui continuent de traverser le monde pour visiter ces contrées. Combien d’entre elles utilisent-elles l’échange de maison pour se loger ? Sans doute un fort petit pourcentage, les tour-opérateurs ont encore de beaux jours devant eux. Savent-elles à côté de quelles joies, de quelles opportunités elles passent ? Non ; souhaitons qu’elles le découvrent à leur tour bientôt, en rejoignant cette famille globale, cette famille qui, face à un monde dont on peut penser qu’il sombre dans la folie, observe posément ce dernier  depuis le pas de sa porte, les mains sur les hanches. Quand je dis de « sa » porte, je pense à la mienne, à la vôtre, à la sienne. Toute porte  qui s’ouvre et s’offre, avant et pendant l’échange. Qu’une croix, un croissant, une étoile à 6 branches ou un Bouddha trône au-dessus du lit, ce lit sera nôtre. Il est offert, il est curieux et aveugle aux différences, il ouvre grand les yeux pour apprendre de ces cultures, de ces religions, de ces valeurs universelles autant qu’universalistes.

Et ces photos, ces cadres posés sur le buffet, sur le piano, racontant la ou les vies de nos partenaires d’échange, et que nous faisons nôtres le temps d’un séjour, que nous montrent-elles ? Des histoires, des couleurs, des couples et des dynasties, si différentes dans leurs apparences, dans leurs coutumes, dans leur orientation sexuelle parfois, et pourtant si semblables, dans leur souhait de vivre, de courir après le bonheur ou devant un cerf-volant, de satisfaire une saine curiosité, et de s’ouvrir aux autres, de s’ouvrir aux panoramas fantastiques d’une vallée perdue –pour autant que l’on puisse encore qualifier ainsi la vallée de Chamonix, dont je parlais plus haut, et qui m’a inspiré ce billet- de s’ouvrir au monde, finalement.

Laurent et Alix

J’espère, chers lecteurs, que vous m’aurez pardonné cette errance, ces dernières semaines ont donné à réfléchir, me semble-t-il, aux directions vers lesquelles mener nos vies, et à la forme du moule dans lequel nous souhaitons concocter la recette de notre avenir. Et alors que les media nous montrent le pire, jusqu’à la nausée, je me soigne en pensant au meilleur, à la confiance envers son prochain, qui, tout en promettant de merveilleux lendemains, par l’échange notamment, sauvera le monde.

A bientôt !

Laurent

 

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