Vivre comme un local, qu’est-ce que c’est ?

Comme vous le savez, je m’intéresse d’assez près aux modes alternatifs d’hébergement que sont l’échange de maison, l’échange de nuitée, ou « night swapping », le « couch surfing », et j’en passe. Si chacun de ces acteurs met en avant telle ou telle différence, tous sans exception insistent (HomeLink inclus !) sur l’aspect : « vivre comme un local ». Ce billet va tenter de répondre simplement à cette question, qu’est-ce que vivre comme un local ?

tourists with cameraJ’imagine que nous avons tous, à des degrés divers, eu cette impression de faire tâche, de faire touriste, voire de faire « beauf » lors d’une visite, lors d’un séjour… Tous aussi, nous avons eu un regard blasé, sinon condescendant, en voyant débarquer un car de touristes à tel ou tel endroit, dont la magie est quelque peu atténuée par la foule, les appareils photo, les remarques parfois malvenues de ce tourisme de masse… Nous y avons tous plus ou moins participé, aussi, car il est parfois difficile de ne pas découvrir en groupe une curiosité dont l’accès est difficile ou réglementé.

Alors vivre comme un local, c’est sans doute avant tout passer pour un local, et se démarquer du flot des touristes. Je me souviendrai toujours de ces partenaires d’échange new-yorkais qui nous avouaient coller la couverture d’un roman sur leur guide de voyage, histoire de ne pas passer pour « un américain à Paris » de plus…. Certains peuvent voir dans cette posture une énième attitude bobo, d’autres imaginent là une nouvelle façon de voyager, une immersion absolue dans la vie du pays, de la région, de la ville visités.

ticketsLe simple fait de laisser à vos hôtes vos cartes d’accès aux musées ou autres établissements culturels ou sportifs permet à ces derniers de se sentir encore plus comme chez vous. Et vice versa. Je me souviens avoir assisté en famille, du côté d’Adelaide à un match de football « Australian Rules », sport collectif endémique, et aux règles parfaitement absconses pour un non initié ; aurais-je en France l’idée d’aller à un match de foot ou de rugby ? Jamais. Myriam, ma compagne, serait-elle allée visiter le Rijksmuseum à Amsterdam si nous n’avions eu sur la table à notre arrivée une carte d’accès ? L’école hollandaise n’est pas sa tasse de thé, et la réponse est non, là encore.

La vie locale fait aussi largement référence aux points forts des quartiers dans lesquels on s’installe le temps de l’échange… La compagnie de théâtre, le restau du coin, oui, celui dont la devanture ne paie pas de mine, mais dont la cuisine est sublime, et les voisins… Ah, les voisins, toujours aux petits soins, à s’enquérir de votre bien-être et de votre confort, toujours curieux de recevoir des informations sur votre lieu de vie « habituel », et d’en donner sur la vie du quartier, en rappelant au passage que vos partenaires d’échanges ont l’habitude de leur remettre, après lecture, le journal du matin, histoire de ne pas gaspiller !

nap in parkLe simple fait de se trouver dans un appartement ou dans une maison, plutôt qu’à l’hôtel, par exemple, engage également à l’oisiveté. Regarder les gens passer depuis la terrasse du bar du coin, plutôt que courir vers la prochaine attraction, est une façon de découvrir un lieu autrement, sans aucun doute, mais pas de façon moins riche. Un pique-nique impromptu au King’s Park de Perth, en Australie Occidentale, peut être considéré comme une journée de « perdue », dans la mesure, où il ne s’agit « que » d’un pique-nique dans un parc. Lorsque la fête du printemps a lieu le même jour, le parc en question se transforme en une explosion de performances, d’arts de la rue, de floraisons extraordinaires… et la journée devient, alors qu’elle n’a finalement rien de particulier, l’un des seuls souvenirs de voyage de notre petite Alix… Une fois encore, c’est la simple envie de ne rien faire de spécial – comme un local – qui pousse le voyageur à flâner, se laisser surprendre par l’ordinaire…

Vivre comme un local, c’est aussi se laisser envahir par les goûts et l’ambiance des partenaires d’échange ; quel plaisir que de piocher dans la bibliothèque, et de se laisser porter, et même emporter, par un roman ou une histoire qui ne nous aurait jamais touché dans d’autres circonstances. Et cette collection de disques n’est-elle pas source de curiosité, elle aussi ? Le moment de la découverte de la cuisine a toujours été un moment jouissif pour moi. Je trouve que cet endroit en dit plus sur la culture locale que n’importe quel autre dans une maison. Et souvent, le panier d’épices est un voyage à lui tout seul…

Décidément, je m’aperçois en écrivant, et en relisant ces lignes, que j’ai envie de repartir ; alors pardonnez-moi, mais je vais me chercher un échange pour cet été !

D’ailleurs, et vous, où en êtes-vous ?

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