ESS – ou l’économie du bon sens

Tout aujourd’hui se pare de ces trois lettres : ESS… Économie Sociale et Solidaire. C’est nouveau et ça fait vendre, pensent les théoriciens du marketing.

C’est du simple bon sens et ça marche, pense le commun des mortels, en préparant son prochain échange de maison.

Parce que oui, nous sommes en plein dans ces aspects social et solidaire, lorsque nous n’imaginons point passer nos vacances ailleurs que dans une maison, habitée la reste de l’année par de vraies gens, utile à autre chose qu’à accueillir des hordes de touristes 8 semaines dans l’année.

Cette ESS, si elle n’est conceptualisée que depuis peu, existe depuis des lustres, et elle peut être décrite aussi facilement que cela : c’est l’économie du bon sens.

Lorsque, à l’aube des années 50, David Ostroff, créateur de Homelink, jette les bases de l’échange de maison, il ne se doute certainement pas que ce modèle sera, des décennies plus tard, souvent copié, parfois dévoyé ; il pense simplement à passer des vacances tranquilles loin du bourdonnement incessant de New York City, à moindre coût, loin du tourisme de masse et de ses méthodes, tout en, cerise sur le gâteau, rencontrant des gens intéressants.

Quand nos amis australiens les Dawson partent à l’aventure dans les années 80, échangeant leur maison, mais aussi leur travail de professeur, pour aller passer une année dans le Colorado, ils ont également ce souhait de se trouver dans une situation que les mettra face à eux-mêmes, et qui les grandira.

Lorsque mes beaux-parents rédigent, en 1976, une annonce dans le Dauphiné Libéré, proposant une maison dans la Vallée de l’Arve en échange d’une autre en Corse, ils ne se doutent ni du succès que cette annonce rencontrera, ni qu’ils sont précurseurs de ce mode de voyage encore balbutiant.

Mais tous, sans les nommer, mettent en œuvre les 3 aspects de l’ESS :

Économie  

L’échange de maison est virtuellement gratuit ! Oui, il faut adhérer à une société (ou une association, dans le cas d’Homelink), qui centralise les offres, et formalise les échanges, mais c’est le seul coût généré par ce mode de voyage. Les conséquences de cette gratuité peuvent revêtir 2 aspects distincts, soit en permettant à des personnes de voyager alors qu’elles ne pourraient se l’autoriser dans d’autres conditions, notamment d’hébergement payant, soit de dépenser différemment, en accroissant le budget découverte, ou culture, des endroits visités. En se donnant les moyens de la curiosité, finalement. L’Économie en sort grandie, le budget des premiers est un ajout net, celui des seconds est quoi qu’il en soit dépensé.

Sociale

Échanger sa maison est un acte profondément social. S’ouvrir au monde, ouvrir au monde sa porte en grand. Aller à la rencontre, tout comme accueillir des inconnus, c’est simplement faire preuve d’humanisme. Franchir ou abattre les barrières de la langue, de la culture, du climat, des habitudes de la vie quotidienne –ah, le poids de la routine…-, c’est se mettre à nu, aussi. Et tout ceci permet de renforcer sa confiance en soi, et envers les autres. Sans parler des rencontres, des surprises extraordinaires générées par ces dernières, les amitiés nouées, les correspondances débutées, les opportunités professionnelles rencontrées, qui nous enrichissent ô combien plus que si nous accueillions à titre payant un jeune, ou louions notre maison ou appartement pendant nos vacances !

Solidaire

L’on dit parfois que la solidarité est la somme de tous les égoïsmes. Dont acte ! La mise en commun des intérêts de chacun est une définition de la solidarité qui en vaut une autre, mais elle peut étrangement se rapporter à l’échange de maison ! La mise en commun des offres d’échanges, par le biais d’Homelink, ou des autres agents du secteur, autorise bien chacun à suivre son propre intérêt, à savoir partir en vacances pour un tarif compétitif, et dans un cadre valorisant d’un point de vue culturel, tout en faisant des rencontres le plus souvent inattendues. Mais la solidarité joue également sur des plans très différents. Qu’importe en effet la valeur de la maison échangée pour les partenaires d’échange ? Seule la valeur d’usage est importante. S’occuper d’un animal pendant les vacances est-il un acte solidaire ? Sans aucun doute ! Accueillir ou envoyer son enfant en échange d’hospitalité est-il un acte solidaire ? C’est l’essence même de la solidarité.

A chacun, je laisse poser sur le supplément d’âme que lui apporte l’échange de maison les mots qui lui conviennent, mais je doute que « hôtel » ou « tour opérateur » fasse partie de ces derniers…

Laurent

 

2 replies
  1. cyril
    cyril says:

    Bonjour,

    De nombreux concepts se développent depuis plusieurs années autour de la consommation collaborative.

    Mais je ne savais pas que le concept d’échange de maison remontait à plusieurs décennies !

    Reply

Leave a Reply

Want to join the discussion?
Feel free to contribute!

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *