Bali, les balinais, le choc des cultures

Voici venir la fin de notre séjour balinais, que le temps passe vite ! Nous nous sommes suffisamment habitués à la vie ici que nous mettons maintenant une couverture la matin, et un pull le soir, quand, à notre arrivée, nous supportions à peine un drap et un T-shirt… Nous avons effectué nos deux échanges de maison ici avec des expatriés, ou des résidents non indonésiens, mais cet assez long séjour nous a permis de faire pas mal de rencontres, et notamment d’approfondir nos relations avec Sri, notre gouvernante. Nous avons ainsi commencé à retourner la carte postale, et à voir, puis discuter, de l’envers du décor…

C’est l’un des avantages inégalés de l’échange. Vivre comme un local, c’est avant tout être immergé dans la vie quotidienne des gens du coin. Et, dans un pays comme l’Indonésie, dans une île comme Bali, ces gens ont beaucoup de choses à raconter, et beaucoup de choses à nous apprendre, à nous qui pensons leur expliquer le monde. Bali est une île prise en étau, d’une certaine façon. Nous pourrions la voir comme le village gaulois d’Astérix, dans la mesure où elle est partie intégrante du plus peuplé des pays au monde ayant pour religion l’islam, tout en étant elle-même de culture et de culte hindouiste.

Boudha

Chaque discussion avec un chauffeur de taxi, un guide, ou qui que ce soit, finit toujours par aborder cette question. La vue d’une femme voilée, ou d’une mosquée génère automatiquement une remarque, teintée d’inquiétude; les balinais craignent de perdre leur identité, et de se faire absorber par le reste du pays. L’île est toujours, sinon dans les faits, mais dans le cœur de ses habitants, un royaume peuplé par les rois qui ont fui le reste de l’archipel au fur et à mesure que le commerce avec le Moyen-Orient se développait, que les marchands adoptaient la religion de leurs clients arabes, afin d’assouplir et de lubrifier les relations commerciales. L’hindouisme balinais est aussi  différent qu’on peut l’être de l’islam. Les dieux sont nombreux, ici l’on vénère les ancêtres, les temples entrent dans les maisons, les offrandes sont quotidiennes, et surtout, l’on croit à la réincarnation. Un seul faux pas au cours de la vie d’un homme peut le conduire à un nouveau cycle, alors qu’une vie passée dans le droit chemin mènera au paradis.

La seconde grosse inquiétude des balinais porte plus sur les problèmes culturels liés à l’assimilation d’un mode de vie occidental, et l’aliénation qui en découle. Comme si cela ne suffisait pas, cette inquiétude est biaisée par la farouche volonté de faire des affaires, et de faire de l’argent ; ainsi, les transports en commun, encore florissants il y a peu, ont quasiment disparu, au profit de nuées de scooters et de motos, créant un éternel bruit de fond pétaradant.

Famille en moto à Bali

Les balinais, notamment dans les régions touristiques, et elles sont nombreuses, se plaignent à la fois de la montée des nuisances générées par les visiteurs, mais aussi de ne pas assez profiter de la manne que ces derniers laissent dans l’économie locale. Les questions environnementales, le traitement des déchets, la gestion de ressources telles que l’eau deviennent délicates avec l’augmentation du nombre d’habitants, et les changements dans les modes de vie sont également au centre des préoccupations de certains locaux, comme Bagus, qui enseigne à ces enfants le développement durable, à contre-courant de tout ce qui a pu lui être transmis par la génération précédente.

Père et fils balinais

Ce dernier nous remettra finalement à l’aise avec notre condition de touriste  aliénateur autant qu’occidental, en nous faisant remarquer, que ces mêmes enfants sont balinais, et donc assez intelligents pour se fondre dans ces 2 cultures, et pour ne garder de l’une comme de l’autre que les points positifs !

Laurent